Noir, c'est noir.
Ce premier épisode de la saison 3 est intense!
L'entrée en matière est plutôt inattendue. Sans parole, tout en musique. Les images dures et crues mettent tout de suite dans le bain, et la musique douce, quasi religieuse est à l'opposée de ces dernières.
Une chose est sûre, il nous avaient promis une saison 3 plus sombre, et la noirceur est au rendez-vous.
Nous avions quitté BSG avec la rédition de la race humaine aux cylons. Nous retrouvons ses personnages quelques mois plus tard dans des situations qui nous sont bien étrangères.
Tout a changé.
1 New Caprica : Noirceur et désespoir
Kara et Tigh, 2 personnages revanchards à l'esprit combatif sont prisonniers, mais dans des positions différentes: l'un rabaissé, humilié et brisé physiquement; l'autre contrainte à une mascarade de vie ordinaire, enfermée dans l’image de la femme au foyer, pour la briser psychologiquement.
Un parallèle intéressant pour ses 2 figures, et qui ne s'apprécient pas.
Même la rébellion temporaire de Starbuck est vaine et ne la libèrera pas de cette cage, une situation toujours soutenue par cette musique douce et mélancolique... Et un Leoben qui revient encore et encore. Il est certain qu’elle le poignardera à nouveau.
C'est déroutant, et l'oppression s'abat sur le téléspectateur.
Ellen vend ses charmes, une image loin d'être surprenante. Et encore.... avec un frère Cavil! C’est dégoûtant! Cela me révulse. Toujours très peu de dialogue, uniquement la force des images pour conter cette histoire sombre et tragique.
Et puis, c’est la surprise, en fait, elle agit de la sorte mais par amour pour Saul. Décidément toutes nos références sont bouleversées.
De son côté, Roslin, une figure des rescapés, un autre esprit fier, une personnalité forte et parfois rebelle, ne peut que constater les événements et nous brosse un tableau pessimiste et noir, et même si sa foi en Adama semble intacte, le temps semble long, bien long... trop long.
C'est d'ailleurs, une des rares qui croit encore en lui, avec Tigh (toujours loyal et fidèle à l’Amiral). La scène entre ce dernier, Anders et Tyrol - qui ont pris en main la résistance - illustre parfaitement l'absence d'enthousiasme et d'espoir du côté des coloniaux.
En bref, ils semblent dans l'impasse. Et aucun d’entre eux ne voit d’issue à leur captivité. Très peu de sources d’espoir subsistent.
Et c'est vrai, cet espoir est si frêle, si fragile que nous avons peur d'y croire, de peur qu'il s'évanouisse et qu'il soit repoussé à tout jamais, ne pas chuchoter trop fort, pour éviter de conjurer le sort...Mais pourtant, il est bien là. Pour tous, quand le Galactica - grâce à Gaeta - parvient à entrer en contact avec New Caprica!
Hélas! Cette séquence sur NC se finit sur un des temps forts coutumiers de BSG. Une attaque suicide.
Et qui donne l'opportunité de nous interroger. Est-ce légitime? Est-ce efficace, quand on sait que les cylons vont se télécharger dans un nouveau corps? Vaut-il le prix en vie humaine? N'est-ce finalement pas vain? Vont-ils décourager les collaborateurs?
Bref, c'est dérangeant et sombre. Le gris et la nuit sont parfaitement associés à ces séquences.
2 Le Galactica : Frustration et solitude
En ce qui concerne le Galactica, nous aurions pu nous attendre à peu de changement sur l'état d'esprit et sur les relations des différents personnages. Après tout, j'étais convaincue que nous verrions des séances d'entraînement, des vols d’essais et la mise en place des stratégies.
Que nenni!
Pour eux aussi, il y a eu de l'évolution! Les relations sont devenues conflictuelles, les frictions monnaie courante et l'entraînement est loin d’être satisfaisant. Tout nous donne un sentiment de frustration, de tension, de solitude et surtout la sensation qu'ils sont eux aussi dans l'impasse. C'est mal barré!
Quelle intelligente superposition.
Cependant, ici encore, l'espoir naît d'un événement inattendu, d'un tour du destin, en fait, d'une cylon et de sa relation amicale et surprenante avec l'Amiral Adama!
Et enfin, le contact avec NC.
3 Mythologie BSG : Dieu est Amour
L'occupation cylon ressemble étrangement à la période Vichyssoise, avec cette police milicienne, mais on peut étendre la comparaison avec des occupations (occidentales) plus d'actualité. Avec les répercussions dramatiques que l'on connaît.
Les cylons, semble-t-il, ont légèrement modifié leur plan originel. Il ne s'agit plus d'éradiquer la race humaine, mais davantage de l'éduquer, de leur amener la "parole de Dieu". Etrangement familier, non?
Et, sur ce point ce que j'ai particulièrement apprécié, c'est l'intervention du frère Cavil -athée- qui le met sur le tapis. Quelle ironie!
Et enfin, l'amour! Six a cherché et désiré l'amour, ce fut sa quête vers sa propre humanité, et elle la atteinte. En revanche, D'Anna est particulièrement curieuse de cette notion, certes, elle pose un regard parfois empreint de mépris, mais n’est-ce pas pour cacher sa jalousie et son inquiétude ? Ne se considère-t-elle pas au fond comme une coquille vide ?
Leoben quant à lui, en est obsédé... pourquoi? C'est la question que je me pose depuis le début de cette série. Pourquoi une telle obsession envers cette émotion si humaine, et cette relation inhibée avec le sexe ?
La meilleure manière de devenir des humains enfin parfaits, passe par l’apprentissage des sentiments…..si humains ?
4 Interactions : le bouleversement
Lee/Adama
Autant pouvions nous attendre à un rapprochement père-fils en temps d'épreuve, autant avons-nous, un éloignement, une incompréhension....
Les reproches de Bill Adama à son fils, ne sont-ils pas un peu ses propres griefs?
La scène entre eux est parfaite.
Adama/Sharon
Surprenant. L'ancien adversaire qui devient le confident, n'est pas l'aboutissement prévisible de ce duo. Je suis persuadée qu'au fond de lui, Adama se sent coupable d'avoir abandonné les autres sur NC, et ce malgré le "I don't do guilt" (Pas de culpabilité).
La réponse de Sharon est inattendue et finalement si vraie et apaisante, c'est la touche d'espoir.
Lee/Dee
Leur relation semble plus naturelle, elle m'avait semblée un peu trop artificielle dans la saison 2.Et que dire du :
"You are more like him [Adama] than you know. That's one of the reasons that I married you."
Dualla a toujours énormément admiré l'Amiral. N'a-t-elle pas épouser au final le fils du père?... Une très belle scène, ici aussi.
5 Les plus et moins
L'intensité de cet épisode est impressionnante.
La position de Baltar est plutôt intenable.
L'aspect physique des personnages, renforce l'épreuve psychologique et physique, ainsi que l'impact visuel; C'est impeccable. Et cela rend toute cette frustration, cette douleur et ce désespoir plus palpables.
La noirceur de la situation, est soutenue par une image sombre, la nuit ou une grisaille persistante et une musique mélancolique ou martiale à bon escient. Parfait.
La scène Roslin et Torry sème déjà les germes d'épisodes futurs, et des questions sur l'action des gens prenant position pour un camp ou pour l'autre (Cf France Vichy)
La scène Gaeta et Six nous amène la seule note d'humour de l'épisode.
Six lui lance "Bonjour Gaeta"à son entrée qui reste totalement ignoré. Et dire que cela doit se répéter de manière quotidienne. Ce détail m'a fait franchement sourire.
Même si l'épisode se termine sur une note plutôt sombre, l'espoir demeure : le Galactica a pris contact.
En conclusion
Un épisode d'une très grande intensité. Il est fidèle à l'esprit BSG, posant les questions en rapport avec l'actualité ou notre passé pas toujours glorieux. Et cela fait toujours mouche et mal.
J'ai vibré tout du long, désespéré avec eux et finalement je suis tombé dans l'attente de lendemains meilleurs.
J'émettrai une seule réserve. Avec une telle richesse d'idée, un tel toupet, j'attendais une mise en scéne plus audacieuse et beaucoup moins classique, ainsi qu'un scénario un peu plus poussé.
Très bel épisode. Très réussit, haletant et captivant.
Acteurs 1,5/2
Direction 1,5/2
Scénario 1,5/2 Note générale : 8/10
Mytho bsg 2/2
Originalité 0,5/1
Photo, musique 1/1